Ceci n’est pas une inspection
Tous les profs ont déjà été observés en train d’enseigner. Que ce soit durant leur formation ou lors des fameuses « inspections ». Mais de telles pratiques tiennent davantage de l’exercice de style que de l’exercice tout court. Elles ont surtout vocation à vérifier la capacité de l’enseignant à « tenir sa classe » et à préparer un court structuré. En revanche elles ne permettent ni de s’assurer que l’enseignant « tient sa classe » et « fait de bons cours » au quotidien, ni d’aider l’enseignant à améliorer sa pratique. En somme, l’inspection n’est ni une mesure de la qualité éducative, ni un exercice de « feedback » sur lequel peut s’appuyer une progression de l’enseignant. Sans compter les enjeux qui y sont attachés et qui faussent l’observation.
La classe est une boîte noire
La pratique structurée de l’observation de classe part d’un constat simple et absolument évident : la quasi-intégralité de la partie influençable des apprentissages a lieu dans la classe. Le reste (les caractéristiques individuelles de l’élève, le milieu familial, le milieu social, l’établissement scolaire, le sytème éducatif.) compte naturellement beaucoup 1. Mais on peut difficilement l’influencer. Or tristement, les outils de mesure de la performance scolaire 2 négligent assez ce qui se passe dans la classe, pour se concentrer sur ce reste. Ils sont donc très pertinents pour nous dire tout ce qui ne marche pas dans l’école mais ne permettent pas d’informer les enseignants sur leurs pratiques ou les aider à progresser. Du point de vue statistique, ce qui se passe dans la classe reste flou, obscur: la classe est une boîte noire.
S’observer c’est progresser
Utiliser une évaluation (d’élèves) focalisée sur la performance et l’origine sociale, c’est un peu comme essayer d’entraîner une équipe de basket en croisant le nombre de paniers marqués et la taille des joueurs. La taille est très certainement un facteur déterminant au basket. Mais elle ne donne à l’entraîneur aucune piste pour faire progresser ses joueurs. Tout au plus lui permettra-t-elle de sélectionner ces joueurs, en écartant les plus petits. C’est malheureusement comme cela que fonctionnent nombre de systèmes éducatifs de par le monde: des outils de mesure biaisés n’ont d’autre but que de « trier » les « bons » des « mauvais » et non de faire progresser l’ensemble. Ce qui conduit à un beau gâchis: combien de Tony Parker l’école a-t-elle écarté ? 3 L’argument principal pour utiliser les observations de classe c’est que les élèves ne progresseront pas tant que les enseignants ne progresseront pas. Et les enseignants ne peuvent pas progresser s’ils ne « voient » pas ce qu’ils font.
Observer pour comparer
L’observation « standardisée » est un système de codage d’évènements qui permet d’enregistrer ce qui se passe dans la classe de façon précise. L’utilisation de la classification qui sous-tend le codage permet de comptabiliser ensemble les évènements d’un certain type. Le codage permet de compter facilement et rapidement le nombre de fois qu’un type d’évènements particulier se produit, ce qui réduit le nombre d’erreurs et omissions lors de l’observation. Le grand avantage d’utiliser un tel système, c’est que l’on peut comparer ce qui se passe dans la classe dans le temps et dans l’espace. On peut ainsi mesurer les progrès dans la pratique d’un enseignant ou se comparer ses résultats avec l’enseignant « moyen » et identifier les aspects du métier à développer en priorité.
S’observer, c’est compter
Depuis les années 80, plusieurs systèmes d’observations ont été validés. Il n’existe pas de système d’observation universel, la classification et le codage choisis doivent être adaptés à ce que l’on cherche à mesurer en particulier. Par exemple, si l’on souhaitait mesurer l’état de fatigue des élèves, on pourrait adopter un système de codage limité aux 5 catégories suivantes : [1] L’élève baille; [2] L’élève s’étire; [3] L’élève révasse; [4] L’élève est couché sur sa table; [5] L’élève dort. L’observateur est alors concentré sur l’enregistrement de ces 5 évènements et ignore tout ce qui peut se passer en dehors de cela. Un système d’observation de classe est forcément réductionniste, mais c’est cette focalisation qui le rend précis. Une fois choisi un système de codage choisi, un observateur placé au fond de la classe, de façon à avoir une vue d’ensemble sur le cours sans déranger les élèves enregistre sur une feuille de papier, ou un ordinateur, chaque évènement en utilisant le système de codage.
Un outil d’observation dédié aux interractions profs-élèves
Parce que la qualité du climat scolaire représente sous nos latitudes les marges de progression les plus importantes pour faire progresser les élèves, l’outil d’observation disponible sur l’édumètre est focalisé sur le climat scolaire. Cet outil n’a pas seulement vocation a faire un diagnostic. Il met au contraire l’accès sur ce que fait l’enseignant avec deux objectifs:
- Limiter les comportements hostiles. La recherche a montré que les comportements hostiles des élèves étaient renforcés par ceux de l’enseignant. Une pédagogie axée sur les encouragements, les compliments, suscite moins de troubles dans la classe qu’une pédagogie répressive. Le paramètre clé de cette approche est le rapport entre le nombre de compliments et le nombre de réprimandes. Les spécialistes estiment que ce rapport doit s’approcher de 4. En moyenne cependant, un enseignant fait 0.6-0.7 compliments pour une réprimande. Empiriquement, on observe pour une même classe une baisse du nombre de perturbations lorsque l’enseignant accroît son rapport compliments/réprimandes.
- Accroître les solicitations pédagogiques. La recherche a montré que les progrès des élèves dépendent du nombre de questions explicites (ou « opportunités de répondre ») qu’on leur pose. Typiquement, un enseignant qui passe beaucoup de temps à interroger ses élèves, de façon individuelle et spécifique, les verra progresser plus vite que s’il écrit la leçon au tableau, laissant les élèves recopier. Là aussi les chercheurs ont fixé des standards très élevé, avec un objectif d’au moins 3 opportunité de répondre par minute alors qu’en moyenne un enseignant est plutôt à 0.6-0.7 opportunité de répondre par minute.
L’outil suivant permet à l’observateur de faire deux choses à la fois:
- Il compte les évènements tels que perturbations, compliments, réprimandes et opportunités de répondre. Et permet à l’enseigner de se situer et de visualiser ses progrès d’une observation à l’autre.
- Il enregistre les activités dans lesquelles les élèves sont engagés pendant le cours. Cela permet de comptabiliser le temps d’apprentissage effectif et de donner des pistes à l’enseignant pour améliorer la gestion de son temps.
Un tableau de bord pour améliorer son bien-être
Grâce à cet outil, vous disposerez enfin en tant qu’enseignant d’un tableau de bord. Pour améliorer vos relations avec vos élèves et les faire mieux progresser l’outil d’observation vous permettra de poursuivre deux objectifs et de progresser.
- Plus d’encouragements, moins de réprimandes
- Poser des questions, encore et toujours.
Pour apprendre à se servir de l’outil, visitez cette page.
Pour pouvoir accéder à cet outil, vous devez être connecté sur votre compte "enseignant".ConnexionNotes:
- En termes statistiques, environ 80 à 85% de la variance de la performance académique dépend de tous ces facteurs. « Seul » 15% de la performance dépend de ce qui se passe dans la classe. ↩
- On parle ici des évaluations standardisés comme PISA, TIMSS ou CEDRE l’outil français. ↩
- Tony Parker fait 1,88m, 13 cm de moins que le joueur moyen de la NBA. ↩