Les principales dimensions du style pédagogique
Chaque enseignant a une manière d’aborder la pédagogie qui lui est propre. La pédagogie résulte non seulement de convictions personnelles, mais également de traits de personnalité, tandis que les expérience vécues avec les élèves permettent de forger la pratique et d’acquérir des « recettes ». Le « style pédagogique » est donc un ensemble complexe d’attitudes, de réflexes et de croyances, qui témoignent de l’adaptation d’un enseignant à un contexte et un public particulier.
Il est possible de dégager trois grandes dimensions du style pédagogique, qui dès les années 70, sont apparues aux chercheurs de l’éducation, comme particulièrement importantes:
- L’exigence vis-à-vis des élèves ;
- La réactivité vis-à-vis des élèves ;
- La sensibilité aux élèves brillants (« l’élitisme ») ou au contraire aux élèves les plus faibles (« égalitarisme)
Les composantes du style: 9 traits de personnalité du pédagogue
Chacune des ses dimensions est elle-même la somme de plusieurs composantes
Un enseignant exigeant est à la fois amibitieux et strict.
- Il fait preuve d’ambition pour ses élèves, en leur fixant des objectifs d’apprentissage élevés.
- Il définit et explicite des règles précises de comportement à adopter.
- Il est rigoureux et intervient de façon active pour que les élèves atteignent les objectifs et respectent les règles qu’il a fixé.
Un enseignant réactif n’est pas autoritaire, il est empathique et impliqué.
- Il préfère favoriser l’indépendance des élèves plutôt que de faire preuve d’autorité.
- Il est empathique, à l’écoute des élèves et plus porté sur les encouragements et les incitations que les pratiques coercitives et les punitions.
- Enfin, il est fortement impliqué auprès des élèves, croit fermement à son action et est interventionniste.
Un enseignant élitiste favorise dans sa pratique les progrès des meilleurs élèves.
- Il concentre ses efforts (temps, attention) sur les élèves les plus performants.
- L’apprentissage (objectifs, exercices) est focalisé autour des élèves les plus performants et non autour de l’élève moyen ou adapté à chaque élève.
- Sa pratique pédagogique vise aussi à faire émerger les élèves les plus performants, notamment au travers de modes d’évaluation sélectifs.
Le cadre théorique
On peut tenter de résumer ce cadre théorique dans un tableau, agrémenté de quelques exemples :
| Dimensions | Exigence | Réactivité | Sensibilité |
|---|---|---|---|
| Composante | Ambition | Autoritarisme | Discrimination |
| Exemple | Les objectifs d’apprentissage sont ambitieux | Les méthodes de résolution sont imposées | Les élèves les plus faibles ne sont jamais interrogés |
| Composante | Discipline | Empathie | Focalisation |
| Exemple | Les règles de comportement sont clairement établies | Les élèves en difficulté sont encouragés | Les exercices sont difficiles et identiques pour tous les élèves. |
| Composante | Rigueur | Implication | Sélection |
| Exemple | Les règles sont appliquées avec rigueur | Les élèves ne restent pas sans rien faire | Les copies sont rendues par ordre décroissant de la note |
Le « pédagomètre »: Un outil visualiser la personnalité des pédagogues
Il apparaît flagrant à la lecture de ce portrait chinois de pédagogue, qu’une même personne ne peut pas cumuler tous ces traits de personnalité à la fois. Par exemple, un enseignant très rigoureux aura plutôt tendance à être directif et moins empathique. De même, un enseignant très interventionniste peut avoir du mal à exiger de ses élèves qu’ils atteignent leurs objectifs, en faisant à leur place plutôt qu’en les poussant à faire. Le cadre théorique du style pédagogique que nous présentons ici ne vise pas à classer les enseignants sur une échelle normative couronnée par le « pédagogue » idéal. Il est a priori très riche : en mesurant chaque composante sur une échelle de 1 à 5, on pourrait en théorie caractériser près de 2 millions de personnalité de pédagogue différentes.
Dans la réalité, les composantes et les dimensions sont corrélées entre elles; par exemple un enseignant qui passe du temps à définir précisément les comportements qu’il attend de ses élèves aura aussi tendance à faire appliquer ses règles de façon rigoureuse. C’est exploitant ces corrélations par la statistique que l’on peut simplifier la représentation du style pédagogique. Comme tout outil de statistique psychométrique, la « norme » à l’aune de laquelle on « mesure » chaque dimension n’est pas absolue, mais relative. Elle dépend de la distribution des caractéristiques dans une population d’enseignants donnée. Ainsi, un « score » de 100 points pour la dimension « exigence » signifie que le niveau d’exigence de l’enseignant qui a effectué le test est comparable à celui du 1% des enseignants les « plus » exigeants. Un « score » de 50 points le placerait dans la médiane.
L’outil qui suit propose de représenter les trois dimentions du style, en plaçant leurs trois « scores » sur un graphique semi-circulaire.
L’aire du demi-cercle rouge est proportionnelle au niveau d’exigence (en réalité au score obtenu, lui-même fonction de la distribution des niveaux d’exigence parmi les profs).
L’aire du demi-cercle jaune est proportionnelle au produit du niveau d’exigence et du niveau de réactivité. Lorsque le score de réactivité est de 100, le demi-cercle jaune recouvre exactement le demi-cercle rouge. Ou encore, le rapport entre l’aire du demi-cercle jaune à celle du demi-cercle rouge est égal au score de réactivité.
Cette présentation permet de visulaiser l’ « impact » combiné du style sur les élèves, qui est représenté par l’aire du demi-cercle jaune. Un enseignant très exigeant (avec un score d’exigence de 100) et moyennement réactif (avec un score de réactivité de 50), aura un impact similaire à un enseignant moyennement exigeant (score d’exigence de 50) mais très réactif (score de réactivité de 100).
La sensibilité est représenté par l’orientation de la flèche bleue. Un enseignant « élististe » verra la flèche bleue très orientée vers la droite. Un enseignant plutôt concentré sur les progrès des élèves les plus faibles verra la flèche bleue très orientée vers la gauche.
Quelques styles de « pédagogues » fictifs
Pour renforcer la compréhension du cadre d’analyse du style pédagogique, on peut s’amuser à « placer » quelques pédagogues fictifs sur le « pédagomètre ».
Victor Novak, « l’instit » dans la série du même nom

Hautement fictif, l’ « instit » occupe donc une place assez extrême sur le « pédagomètre ».
Professeur Severus Rogue, dans Harry Potter

Le professeur Rogue est le professeur de potion de l’école d’Harry Potter. Son prénom « Severus » fait de lui l’archétype du professeur exigeant, autoritaire est élitiste. Le professeur Rogue est certainement l’antithèse de Novak.
Caricature du professeur pervers-narcissique, Rogue occupe également une place extrême sur le « pédagomètre ».
François Bégaudeau, dans Entre les murs

François Bégaudeau joue son propre rôle de professeur de français confronté à des élèves difficiles, dans un collège de ZEP à Paris dans le film, Entre les murs, primé à Cannes.
Bégaudeau campe l’archétype du jeune prof inexpérimenté face à des adolescents insolents et peu motivés par l’école.
Archét du professeur inexpérimenté, Bégaudeau occupe également une place extrême sur le « pédagomètre ».
Jessica Day, dans la série « The new girl »

Si vous voulez découvrir de quel archétype de prof vous êtes le plus proche, il vous faut essayer le test sans tarder !